La nouvelle espérance, un vaste projet mégalomaniaque et démagogiques.
" La Nouvelle Espérance ", le projet de " l’homme des masses ", le roi baroque n’est en réalité qu’un catalogue de promesses sans lendemain, mais des projets machiavéliques oui . Des promesses dont il savait lui-même par avance qu’elles ne seraient guère tenues. Par exemple la route Brazzaville/Pointe-Noire, Sassou jugeait sa construction " inutile " dans son livre « Le manguier, le fleuve et la souris ». C’est pourquoi sans doute il a dû l’inscrire quelques années plus tard dans son programme. Quoiqu’il en soit, en deux décennies de pouvoir, " l’homme des masses " a montré qu'il est peut-être tout sauf une lumière dans le domaine économique : on lui pardonnera volontiers son incompétence en la matière. Ignorons donc le soupçon d’esprit régionaliste derrière un tel jugement. Surtout quand on se réfère à l’inutilité économique, celle-là réelle, de l’aéroport d’Oyo-Ollombo par exemple.
Au rayon des aberrations économiques de son passage au pouvoir sans doute faudra-t-il répertorier également le port de la Lekety. Voilà un ouvrage sorti droit de l’imagination des cerveaux de Mpila et censé assurer le transit des produits arrivés au Gabon par mer. Ces produits il faudra les transporter par route ou par chemin de fer vers Franceville, dans le Haut Ogooué. Première rupture de charge. Puis par camion ils parviendront au port fluvial de la Lekety. Deuxième rupture de charge. De là le fret sera embarqué par bateau sur l’Alima vers Oyo. Troisième rupture de charge. A partir d’Oyo la marchandise sera distribuée, soit vers Brazzaville, soit vers la Likouala, la Sangha ou le Cameroun. Quatrième rupture de charge.
Quel peut être le prix de revient de tels produits au regard d’une éventuelle concurrence ? Les économistes de Mpila détiennent sans doute la réponse.
il est vrai le projet de la Lekety met en lumière le fait que le Congo est loin d’être un modèle. Voici un pays riche à milliards grâce à sa production pétrolière mais qui ne dispose que d’une seule voie de communication bitumée digne de ce nom. En plein 21è siècle. Une route d’environ 400 km qui part de Brazzaville à …. Oyo, ville natale (en fait il est né à quelques encablures de là, à Edou) du chef de l’Etat. Une route goudronnée digne de ce nom ? En fait une voie de communication d’à peine 8 mètres environ de large ressemblant à une départementale dans les pays européens...
Les autres routes du pays sont des pistes. L’exemple le plus significatif est celui de la nationale 1 Brazzaville/Kinkala. Cette route n’existe plus. Aucun véhicule ne l’emprunte. Où plutôt quelques engins à multiples ponts s’y élancent, zigzaguant dans la brousse, loin de l’itinéraire habituel. Au bout de 10 h, ils couvrent péniblement les 75 km séparant les deux localités.
Cette route attend toujours d’être refaite avec le concours de l’Union européenne. Celle-ci a posé parmi d’autres conditions, l’entretien préalable du tronçon qui la prolonge vers Boko. Les Européens s’étonnent en effet de la dégradation trop rapide des voies de communication au Congo. Comment se fait-il que des routes construites dans d’autres pays d’Afrique (Cameroun ou Côte d’Ivoire par exemple), au même moment soient encore en bon état quand au Congo plus rien n’existe ? interrogent les bailleurs de fonds. Défaut d’entretien, abandon des infrastructures. Pour financer à nouveau et pour la énième fois ce chantier, les Européens exigent à présent que les Congolais démontrent leur volonté d’entretenir le patrimoine national existant.
Pour l’heure, en attendant, comme le chemin de fer Congo Océan, véritable goulet d'étranglement, manque de wagons certains importateurs de véhicules empruntent les pistes pour couvrir les 500 km qui séparent Brazzaville de Pointe-Noire. Dans le Pool, à partir de Kinkala, afin d’éviter la route directe mais impraticable vers Brazzaville ils remontent en direction de Boko, effectuent un long détour du côté de Voka et arrivent dans la capitale par Linzolo. Cinq heures pour parcourir les 85 km séparant ces deux dernières localités. Sur une partie de ce tronçon ils peuvent profiter de quelques voies entretenues grâce à la niveleuse que le député Milongo a achetée en Amérique en piochant dans ce qu’il gagne. Une niveleuse qui actuellement est utilisée dans le secteur de Kimpila. L’autre engin, un rouleau compresseur dont le même élu a fait l’acquisition, demeure bloqué, à Pointe-Noire.
On découvre beaucoup de choses révoltantes quand on sillonne nos régions. Attablés à Boko dans la cour d’une maison en mai dernier des élus de la nation virent arriver vers eux deux individus en sueur, sandales aux pieds. Des inspecteurs de l’enseignement primaire. Ils venaient d’une inspection à pieds dans les différents établissements scolaires du district. Une cinquantaine de kilomètres parcourus au total. Même pas un cyclomoteur pour faire leur travail. Pendant ce temps le moindre petit chef siégeant dans la cour du Roi de Mpila possède plusieurs 4x4 à plus de 100 millions de FCFA l’unité (plus de 150 000 euros ou plus de 192 000 dollars pièce)….
A propos, dans la région du Pool aucun médecin congolais n’y exerce à l’heure actuelle. Que 2 ou 3 médecins blancs d’ONG internationales pour une population d’environ 250 000 habitants. Et nous sommes à 10, 20, ou 100 km de la capitale…
La situation des médecins et dramatique. Ils sont payés 250 000 F CFA/mois (380 euros ou 487 dollars environ), un salaire de misère qui ne leur permettrait même pas de s’acheter un vélomoteur. On comprend pourquoi les médecins de la place passent le moins de temps possible dans les hôpitaux qui les emploient et s’occupent plutôt de leurs propres cabinets ou cliniques où ils orientent leurs patients. On comprend également pourquoi les médecins formés au pays, à l’INSSA n’ont d’autre hâte que de s’installer à l’étranger, en France en particulier.
Face à ce chaos social le chef de l’Etat persiste dans l’application de la méthode Coué. Il avait promis de créer 40 000 emplois par an. Il a prétendu en avoir créé 30 000 l’année dernière sans que nul ne sache dans quel domaine d’activité. Tout cela serait risible s’il ne s’agissait de la vie d’un Etat et de la vie des gens. Mais les Congolais se sont depuis longtemps rendus à l’évidence : " La nouvelle Espérance " n’est qu’une fabrique de chômeurs car le sassouisme, ça ne marche pas !