Grève du pétrole au Congo Brazzaville : Franchiront-ils le Rubicon ?

Les travailleurs du secteur pétrolier, que leurs compatriotes croient ne pas être les moins mal lotis parmi les salariés congolais - sont pourtant démangés par l'envie de faire grève. Ils ont jusque-là négocié avec leurs directions respectives des augmentations de salaires sans autre résultat. (...)

Une délégation se serait même rendue au palais de Mpila pour rencontrer l'homme fort du pays. Ce dernier n'aurait même pas daigné les recevoir. Emploi du temps trop chargé ? Peut-être, car les problèmes du continent africain n'attendent pas.

Un préavis de grève en bonne et due forme aurait donc été déposée. La grève serait effective d'ici une dizaine de jours si les revendications des travailleurs n'étaient prises en compte. Seraient concernés par la grève les fonctionnaires du ministère des hydrocarbures, les salariés de toutes les compagnies pétrolières et même ceux des sous-traitants.

Quelles sont les demandes des travailleurs ? Une révision de la grille salariale. Les salariés font observer qu'avec le prix du baril au plus haut les sociétés engrangent un maximum de profit mais, malgré l'augmentation significative du coût de la vie rien ne change pour eux. Autres revendications : un texte protégeant mieux les syndicalistes, la révision des plafonnement des cotisations sociales, des primes conjoncturelles ou d'intéressement pour les fonctionnaires travaillant dans le secteur pétrolier à l'instar de ce que perçoivent leurs collègues de la Douane ou des Impôts.

Une affaire à suivre donc d'autant qu'avec la pénurie devenue chronique des produits pétroliers dans le pays un débrayage dans ce secteur risquerait de ne rien arranger.

Mais - c'est notre avis - en y réfléchissant bien nul ne peut sérieusement condamner cette grève : il est tout de même incroyable que depuis quelques années le prix du brut a été multiplié par trois voire quatre sur ses plus bas, qu'en conséquence l'inflation a été soutenue à Pointe Noire en particulier et au Congo en général malgré des indices tronqués et que les salaires des travailleurs de l'industrie pétrolière, ni ceux des autres, n'aient pas évolué.

Des sociétés qui ne valaient pas grand chose comme Maurel et Prom ont eu leur valeur propulsée vers des sommets. D'autres compagnies pétrolières qui opèrent au Congo ont engrangé avec leurs actionnaires des bénéfices faramineux et le « pétrole » au Congo rime toujours avec « misère ». Pourquoi ?

Finalement il s'agit là d'une initiative loin d'être condamnable à moyen terme. Ne fut-ce que parce qu'elle pourrait aider à connaître les quantités exactes produites au Congo et comment le clan familial s'arrange pour que le pétrole coule ailleurs que dans les réservoirs du Trésor Public !

Enfin, un à un, tous les secteurs de production comprennent ou comprendront que la famille régnante lorsqu'elle vole la République du Congo c'est chacun d'entre-nous qu'elle spolie et appauvrit et qu'elle empêche d'accéder à une vie normale. La démesure de son train de vie, chacun de nous le paye avec sa sueur et ses larmes.

Il est grand temps que tout ces pillages finissent.